de Abdellatif Laâbi
Il faut passer des nuits blanches, au moins quatre fois l'an.
Je ne trouve pas assez de fous autour de moi pour en faire davantage.
Une nuit blanche, ça ne vaut rien quand on est seul.
Elle exige le partage.
Alors la ville s'offre sans penser à la mort.
Les gargouilles font leur travail d'exorciste.
Les muezzins se soûlent au coin des rues.
Il y a toujours un couple qui se marie à l'aube, par tirage au sort.
Le Chant des partisans devient une chanson à boire.
Iblis se fait lyrique et distribue aux communiants des pommes rouges, non piégées.
Les pieds foulent un trésor d'étoiles.
Le sexe monte à la bouche comme le citron de l'huître.
Seuls les vagabonds peuvent être des poètes.